Arts Visuels

Pour Polenov, la Nouvelle Tretiakov revêt sa palette de lumières

Par ETIENNE BOUCHE

Après le succès record de son exposition consacrée à Ilya Répine – plus de 600 000 visiteurs -, la Nouvelle Galerie Tretiakov de Moscou met à l’honneur jusqu'au 16 février 2020 un autre grand maître de la peinture russe, Vassili Polenov (1844-1927), à l’occasion du 175ème anniversaire de la naissance de l’artiste. Le musée moscovite ne lui avait pas consacré d’exposition depuis 1994.

Pour la majorité des Russes, Vassili Polenov est d’abord l’auteur de ce tableau : La Cour moscovite, œuvre célèbre que l’on retrouve dans tous les albums d’art mais aussi dans les manuels scolaires. Ce paysage traditionnel gorgé de lumière est l’une des toiles ayant fait de l’artiste un classique de la peinture nationale. Né à Saint-Pétersbourg en 1844, Vassili Polenov introduit en Russie la peinture de plein air. A l’extérieur, l’artiste étudie la lumière, les couleurs et porte un regard singulier et alors inédit sur la nature qui l’entoure.


Vassili Polenov, Cour à Moscou (1878)

« Cette atmosphère élégiaque, cette nostalgie du passé, de la beauté de la vie de la noblesse, est un thème alors tout à fait nouveau qui apparaît dans la peinture russe une décennie plus tard. Ce culte de l’ancien, on le retrouvera en particulier chez les artistes du mouvement Mir Isskoutsva », commente Eleonora Paston, commissaire de l'exposition qui se tient à la Nouvelle Galerie Tretiakov de Moscou jusqu'au 16 février 2020.

Pourtant, l’artiste se destine au départ à la peinture historique. Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg, Vassili Polenov reçoit une bourse qui lui permet de voyager en Europe où il entend s’imprégner des nouveaux courants artistiques. Il découvre notamment la France et le mouvement impressionniste. Avec le peintre Ilya Répine, son ami lui aussi diplômé des Beaux-Arts, il trouve l’inspiration en Normandie.


Portrait de l'artiste Vassili Polenov par Ilya Repine (1877)

« Polenov se rend à Veules-les-Roses (Normandie) avec Répine, reprend Eleonora Paston. Tous deux y partagent d’ailleurs une petite maison. Là-bas, Polenov peint un grand nombre d’études formidables. Ce chef d’œuvre, par exemple : un cheval blanc sur un mur blanc, le défi consistant à rendre la luminosité sans perdre la matérialité des sujets ni la couleur. »


Vassili Polenov, Cheval blanc en Normandie (1874)

Au-delà de la centaine de peintures, l’exposition présente aussi des œuvres graphiques témoignant d’autres facettes de sa personnalité artistique. Car Polenov n’est pas seulement un peintre. Ce représentant du mouvement des Ambulants fréquente le cercle d’Abramtsevo qui réunit à la fois peintres, musiciens et metteurs en scène. Avec l’artiste Viktor Vasnetsov, il dessine les plans de l’église du domaine. Au-delà de l’architecture, Polenov aime le théâtre et exprime aussi un intérêt constant pour la musique.

« Bon nombre d’artistes étaient de remarquables mélomanes ou bien jouaient eux-mêmes d’un instrument, remarque la commissaire d'exposition. Mais Vassili Polenov, lui, a toujours composé de la musique, ce qui transparaît dans sa peinture : dans son harmonie, son sens de la composition, dans ses choix de couleurs… Cette musique imprègne ce tableau, Automne à Abramtsevo ».


Vassili Polenov, Automne à Abramtsevo (1890)

Au début des années 1880, Vassili Polenov voyage au Proche-Orient. Les études qu’il en ramène témoignent de sa fascination pour la lumière et l’architecture de la région. Il y trouve l’inspiration pour un tableau qui occupe son esprit depuis longtemps : Le Christ et la Pécheresse, œuvre monumentale présentée en 1887 à la quinzième exposition des Ambulants puis acquise par le tsar Alexandre III.


Vassili Polenov, Le Christ et la Pécheresse (1886-1887)
 

Exposition Vassili Polenov, jusqu’au 16 février 2020 à la Nouvelle Galerie Tretiakov, Krimsky Val 10, 60-61, Moscou.
Ouvert tous les jours (sauf lundi) de 10h à 18h et jusqu'à 21h du jeudi au samedi.

600 RUB (tarif plein)

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