Scène

Mariinsky II fait polémique

Par CHARLES VAN DER LINDEN

Certains regrettent son aspect de vulgaire centre commercial, ses concepteurs et soutiens vantent son acoustique exceptionnelle et estiment qu'il est temps de doter Saint-Pétersbourg de monuments de facture contemporaine. Les habitants de l'ancienne capitale impériale ont cependant bien du mal à se faire à la nouvelle scène du théâtre Mariinsky inaugurée début mai.

Présentée en grande pompe le 2 mai dernier, l'imposante extension du théâtre reliée au bâtiment d'origine par une passerelle qui enjambe le canal Kryukov ressemble à un « centre commercial », estiment ses détracteurs, qui voient d'un mauvais œil l'apparition d'un bâtiment de facture contemporaine, lequel tranche avec les façades harmonieuses du centre historique et la scène originelle érigée en 1860. En cause également, le coût du chantier : 540 millions d'euros. Mais la haute qualité acoustique n'a pas de prix pour Valery Gerguiev, directeur général du mythique théâtre. Le projet, financé par la région nord-ouest de la Russie et le ministère russe de la culture, est d'ailleurs de son initiative, affirme-t-il. Le nouveau bâtiment de 79 114 m2 conçu par le cabinet canadien Diamond Schmitt Architects héberge dorénavant 2 000 sièges. Ses parois de verre offrent une vue imprenable sur Mariinsky I et sur le centre de la ville.

Pour faire oublier les critiques dénonçant son architecture coûteuse, les plus grandes stars mondiales de l'opéra et du ballet sont donc montées, ce 2 mai, sur la nouvelle scène du théâtre Mariinsky le temps d'un gala. Pour Mariinsky II, surnommé le « supermarché » par ses nombreux détracteurs, Vladimir Poutine de retour dans sa ville natale a fait le déplacement. Alentour ce soir-là, cela n'empêche pas les badauds de faire la grimace. « Ça ne me plaît pas, regrette Galina. Ce n'est pas beau dans le centre ville. Et puis c'est un projet qui a coûté très cher, il y a sans doute eu de la corruption », suppose la jeune femme.

Pour Valery Guerguiev, cela lui passera, comme à tout le monde. Le maestro reste persuadé que les mécontents changeront d'avis après la mise en service de la nouvelle scène. « Il y a cinq, six ou sept villes dans le monde qui sont soit disant intouchables, explique-t-il. Lorsque quelque chose est totalement nouveau, les gens deviennent parfois furieux. Le meilleur moyen de leur démontrer qu'ils ont tort est tout simplement de les laisser entrer dans le nouveau théâtre », conclut-il. Le mieux est sans doute de se faire une idée en images.

Mariinsky I et II  © Natasha Le Bel

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