Société

24 heures de la vie d'une montre

Par La Dame de Pique

Associée aux expéditions polaires puis à la conquête spatiale en URSS, la montre au cadran 24 heures refait surface. Sans doute y a-t-il dans son cadran vertigineux quelque chose d’aussi fascinant que d’envoyer au pôle Sud des centaines d’hommes ou de se lancer dans la course à l’espace.


Montre 24 heures "Arktika" © Kosmos 24

L’histoire commence au début des années 1950 : une expédition soviétique se profile, destination le pôle Sud. L’URSS veut y lancer la construction de deux stations en Antarctique, qui existent toujours aujourd’hui, les stations scientifiques Mirny (1956) et Vostok (1957). Avec cette expédition polaire coïncide la création de montres d’un genre différent. Des montres aux cadrans adaptés à cette contrée lointaine où le temps passe tout autrement et où une année entière se scinde en un seul jour et une seule nuit.

« C’est de là que viennent les montres à cadran affichant 24 heures, et non plus 12. Dans ce genre de lieu, si des montres classiques avaient été emportées, ç’aurait été la grande désorientation ! », raconte Léo Vidal-Giraud, qui s’intéresse de près au sujet. Avec deux amis rencontrés sur les bancs de la fac, français eux aussi, le jeune homme de 27 ans, basé à Moscou depuis neuf ans, a lancé une nouvelle marque de montres imaginées et conçues en Russie : Kosmos 24. Des montres, on s’en doute, qui reprennent ce concept des 24 heures et qui revisitent dans un style contemporain les montres des explorateurs mais aussi des cosmonauteurs ou encore des sous-mariniers soviétiques.

Des montres aujourd’hui rarissimes
« Les montres conçues pour accompagner les équipes sur cette expédition polaire sont aujourd’hui rarissimes », poursuit Léo Vidal-Giraud, intarissable sur la question qui le passionne depuis bientôt deux ans. « Embarquées sur le bateau « Lena », précise-t-il, ces montres avaient été baptisées « Antarktida » et disposaient d’un revêtement anti-magnétique. C’était une série limitée pour cette expédition en particulier. »


Expédition "Lena" (Photo DR)

Mais ce n’est véritablement qu’au début des années 1970 que le concept décolle : en 1971, Raketa lance la production en série de ce genres de montres. « A cette époque, reprend le co-créateur des montres Kosmos 24, les expéditions sont devenues de plus en plus importantes. En 1971, on en était déjà à la seizième expédition au Pôle Sud, une expédition qui représentait 566 personnes ! » C’est aussi vers cette période que les Soviétiques construisent le premier brise-glaces nucléaire, « Artika », qui atteint le pôle Sud en 1977.


La montre "Antarktida", créée pour la première expédition polaire soviétique (Photo DR)

Après les explorateurs, les cosmonautes
Naturellement, c’est ensuite au tour des cosmonautes de trouver les montres 24 heures des plus utiles, eux qui, une fois dans l’espace, ne peuvent plus se repérer dans le temps comme sur la terre ferme. « Les Soviétiques se sont alors mis à distribuer ces montres à cadran spécial aux cosmonautes, mais aussi aux officiers sous-mariniers, rappelle Léo Vidal-Giraud. Lequel précise que « Gagarine est parti avec une montre 12 heures. Mais à partir des expéditions suivantes, beaucoup plus longues, la montre 24 heures s’est substituée à la 12. Car après plusieurs jours en orbite, une montre 12 heures devient complètement inutile. »


Le cosmonaute Alexey Leonov réalise la première sortie extravéhiculaire dans l'espace le 18 mars 1965. (Photo DR)

La durée de vie des montres 24 heures sera pourtant d’assez courte durée. Non pas que les expéditions de tous genres aient cessé, mais voilà qu’apparaissent dans les années 1990 l’affichage digital, qui rend alors la montre analogique obsolète. Ces dernières années néanmoins, les cadrans 24 heures sont réapparus. Par nostalgie, et par goût du bel objet peut-être.

« Créer sa propre histoire »
« Il y a un an et demi, se souvient Léo Vidal-Giraud, deux amis rencontrés lors de mes études, et dont un a effectué comme moi un échange universitaire à Moscou (RUDN) en partenariat avec Sciences-Po Bordeaux, m’ont retrouvé en Russie pour notre rencontre annuelle. En passant dans les rangées du marché aux puces d’Ismaelovo, à Moscou, nous sommes tombés sur des montres 24 heures. Depuis ça, on a eu envie de faire les nôtres. »


Montre 24 heures "Arktika" © Kosmos 24

Car pour le jeune Français, « ce sont des montres qui racontent. Qui racontent l’histoire des explorateurs, des cosmonautes, des sous-mariniers, etc. » Les trois amis se demandent alors par quel bout commencer : « au départ, on s’est dit qu’on allait créer des montres qui copieraient les anciens designs en les réactualisant », confie Léo Vidal-Giraud. Mais « en tant que Français, on ne se sentait pas légitimes » pour tenter l’aventure. « Au fil du temps, on a eu envie de créer notre univers à nous, avec notre designer. De créer notre propre histoire.»

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